L’économiste Richard Musgrave distingue trois fonctions principales de l’État dans l’économie : l’allocation des ressources, la redistribution, et la stabilisation. Dans la fonction d’allocation, l’État intervient pour fournir des biens et services essentiels qui ne sont pas assurés par le marché, comme les infrastructures ou l’éducation. En gérant les biens publics et en réglementant les externalités, l’État pallie les défaillances du marché.

La fonction de redistribution vise à réduire les inégalités de revenus grâce à des outils fiscaux et des transferts sociaux, pour garantir des conditions de vie minimales. Enfin, dans sa fonction de stabilisation, l’État agit sur l’économie en utilisant des politiques conjoncturelles (dépenses publiques et taux d’intérêt) pour ajuster la demande globale et des politiques structurelles (éducation et innovation) pour assurer une croissance durable.

Face aux déséquilibres économiques tels que la récession, l’inflation, et le chômage, l’État peut adopter différentes stratégies. La croissance économique est mesurée principalement par le PIB, et l’État encourage une croissance à long terme par l’investissement dans le capital humain, les infrastructures, et la recherche. Cependant, des économistes comme Nicholas Stern soulignent l’importance de maintenir une croissance soutenable pour minimiser les impacts environnementaux. Contre l’inflation, les politiques monétaires de la banque centrale (comme l’augmentation des taux d’intérêt) sont privilégiées, tandis que la politique budgétaire agit sur la demande en ajustant les impôts et les dépenses. Le chômage, sous ses diverses formes (conjoncturel, structurel et frictionnel), est un autre défi ; l’État y répond par des politiques de l’emploi, la formation, et en rendant le marché du travail plus flexible.

Les politiques économiques se divisent en deux catégories : les politiques conjoncturelles et les politiques structurelles. Les premières visent à stabiliser l’économie à court terme en répondant aux fluctuations de l’activité. John Maynard Keynes, pionnier des politiques conjoncturelles, propose que l’État soutienne la demande pour atténuer les crises. Les politiques structurelles, quant à elles, cherchent à renforcer les fondations de l’économie pour une croissance à long terme. Elles s’articulent autour des investissements publics, de l’éducation, de l’innovation, et de la concurrence. Bien que ces politiques se concentrent sur l’offre, elles peuvent aussi stimuler la demande dans des secteurs stratégiques, comme les énergies renouvelables, pour favoriser un développement durable.

Cependant, l’intervention de l’État est limitée par plusieurs facteurs. La mondialisation restreint l’autonomie des États, qui doivent concilier attractivité économique et régulation, sous peine de voir leurs entreprises délocalisées. La politique monétaire unique de la zone euro est un exemple de perte de souveraineté nationale, car la Banque centrale européenne décide des taux d’intérêt pour tous les pays membres. Par ailleurs, l’endettement public limite la capacité d’action des gouvernements, et des niveaux de dette trop élevés peuvent engendrer de l’incertitude économique. Enfin, l’intervention de l’État peut avoir des effets pervers, comme l’inflation, en augmentant la demande globale, ou des distorsions de marché en faussant la concurrence.

Au niveau supranational, la régulation européenne organise le partage des compétences entre l’Union européenne et les États membres. La Banque centrale européenne (BCE) gère la politique monétaire de la zone euro pour maintenir la stabilité des prix, tandis que la Commission européenne supervise la politique de concurrence pour assurer le bon fonctionnement du marché unique. Les principes de subsidiarité et de proportionnalité limitent l’intervention de l’UE aux domaines où elle est plus efficace que les États membres. La coordination des politiques budgétaires est toutefois difficile, car les pays conservent leur souveraineté en matière de dépenses publiques.

Les défis de la régulation européenne incluent l’harmonisation fiscale et sociale. Les disparités fiscales créent une concurrence entre États pour attirer les entreprises, tandis que les différences de protection sociale et de salaires génèrent des tensions économiques et sociales. Des économistes comme Thomas Piketty appellent à une harmonisation pour réduire les inégalités. Enfin, la construction européenne envisage des réformes comme l’union budgétaire, un budget européen accru, et une convergence économique pour renforcer la cohérence et la résilience de la zone euro face aux crises.

En résumé, l’État et l’Union européenne jouent des rôles complémentaires dans la régulation de l’économie, mais font face à des limites et des défis complexes, surtout dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance accrue.

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